ISTENQS- Ici se termine enfin notre quête spirituelle


Émergence et soin de l'âme

Thierry Vissac (septembre 2014)

 

Quel accomplissement pourrait donner son sens ultime à notre existence ?

Nous nous consacrons à nos familles, parce que nous y vivons et exprimons le plus bel amour, celui pour nos enfants.

Nous nous sentons engagés dans notre vie professionnelle parce que nous y trouvons parfois une satisfaction, l'impression d'être utile.

Nous nous engageons aussi dans des idéaux, jusqu’à tenter, lorsque nous en avons le temps et l’énergie, de changer ou d’améliorer le monde où nous vivons.

Tout cela est dans l’ordre naturel. Je ne minimise donc pas la valeur de veiller sur ses proches (j'aime le faire moi-même quotidiennement), de faire son travail du mieux qu’on le peut, là où on se trouve (c'est un art de vivre), et de donner de soi pour que notre famille humaine vive de façon plus harmonieuse (je me suis consacré à des projets dans ce sens pendant des années). Mais il existe une direction essentielle qui demande qu’on ne la perde pas de vue et qui n’est pas directement liée à celles que je viens de mentionner. Il s’agit de réaliser l’appel premier de notre âme, son chemin de vie, et d'en prendre soin.

Que signifie cette phrase qui pourrait sembler un peu ésotérique ? Elle veut dire qu’avant d’être un mari, une épouse, un père, une mère, un employé, un patron, un militant, un aidant, nous existons en tant qu’âme incarnée avec une destinée spirituelle spécifique. Autrement dit, nous ne sommes pas seulement ce que nous exprimons de plus visible, nous sommes aussi un être qui se cherche, conscient qu’il a perdu de vue son essence moins visible et sa vocation première.

L’émergence de l’âme, c’est l’essence de notre être qui se retrouve et se manifeste. La guérison, c’est soigner ses blessures depuis ce niveau le plus fondamental. Sur un plan social, on entend dire que certaines personnes se sont « trouvées » ou «accomplies » dans un rôle, un statut, une fonction. Mais nous savons que ce plan est éphémère et aléatoire. Il n’y a rien de mal à le vivre, le temps qu’il dure, mais cet accomplissement n’est pas celui de l’être qui se trouve. On entend également parler de guérison lorsqu’une maladie a été soignée par la chirurgie et les médicaments. Le soin peut être réel sur ce plan, mais la guérison doit se poursuivre jusque dans les tréfonds de l’être, parce que la plupart de nos maladies sont avant tout l’expression du malaise produit par l’âme mise à l'écart. Imaginez : se prendre pour autre que ce qu'on est pendant toute une vie ou presque...

Je parle donc d’émergence, parce que nous devons retrouver notre âme en premier lieu (alors qu'elle est souvent immergée et parfois noyée), et de guérison lorsque, une fois trouvée, nous commençons à lui apporter une attention et lui redonner son pouvoir.

 Retrouver l'âme n'est pas une expression nébuleuse. Cela nous parle de notre nature profonde, intime, de ce qui résonne en soi comme l'essence même de notre sentiment d'exister. Retrouver son âme dans notre monde aujourd’hui (où Dieu sait que nos âmes se perdent) et en prendre soin, en lui redonnant sa place et en l'écoutant, constituent les plus beaux accomplissements pour un être humain. C'est le moment où l'on se dit : "Enfin, mon attention revient à l'essentiel". C'est un sentiment profond, plus qu'une pensée.

Comment accède-t-on à cet accomplissement ? Il n’y a pas de recettes et de méthodes toutes faites ou standard. C’est un cheminement intime et unique pour chacun, fait de découvertes et de surprises, de révélations, de moments de grâce mais aussi de traversées de nos racines originelles. Ce n’est pas un chemin de développement personnel à proprement parler, parce que c’est l’avènement de ce qui se tient à la source et au-delà de notre personne, et en particulier du personnage social. Ce n’est plus tout à fait le même « travail » que celui de l’ajustement horizontal de nos comportements et de nos relations. C’est un chemin d’approche plus intérieure, vertical, de notre nature profonde, dans le désir de lui donner une place plus importante que celle qui lui est accordée dans nos sociétés et que nous voulons bien lui accorder, nous-mêmes, dans notre existence.

De tout cela, nous reparlerons évidemment plus en détail, parce que c’est maintenant, après toutes ces années de défrichage un peu rugueux, notre chemin d'humanité, notre vie… 

J'ai rédigé une présentation plus élaborée de cette démarche dans le livre Sur deux jambes

 

 

©Thierry Vissac, Textes, photos et dessins sur toutes les pages du site .