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La demande d'amour

et la « quête affective »

Thierry Vissac

« Je tremble, pardonnez-moi, d'aussi franchement vous le dire, à penser qu'un mot, un sourire de vous est désormais ma loi, et qu'il vous suffirait d'un geste, d'une parole ou d'un clin d'oeil, pour mettre tout mon être en deuil de son illusion céleste » Verlaine

 

 

Le besoin de vivre l’amour est une demande universelle qui, dans sa forme réduite, se traduit au quotidien par une quête affective intense : besoin d’être aimé par les autres et besoin de reconnaissance. Ces besoins portent la plupart de nos paroles et de nos actions, souvent à notre insu, et induisent une dépendance à l'autre sans le regard duquel nous pouvons même avoir la sensation de ne pas exister.

 

Cette demande, à fortiori non reconnue, est à l’origine des ennuis de l’espèce humaine.

 

Nous nous percevons comme des réservoirs vides ne demandant qu’à être comblés, et l’autre devient alors cette source à laquelle nous aimerions nous abreuver. Qu’il s’agisse d’une rencontre avec un maître spirituel ou avec une maîtresse ou un amant, nous devons réaliser que cette manière de rencontrer l’autre comme s’il était source de notre plénitude est excessive

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Je ne dis pas que les relations doivent être évitées mais qu’elles doivent être vues pour ce qu’elles sont : des lieux possibles d’expression de l’amour mais pas comme des pompes à carburant.

 

Nous ne sommes jamais autant en relation que nous sommes en demande.

 

Le regard est toujours tourné vers dehors. Même nos tentatives balbutiantes d’un regard au-dedans sont motivées par un désir de solutionner la relation à l’extérieur ! Il est devenu si naturel de demander à l’autre ce que nous n’avons pas trouvé en nous-même que la guerre est devenue, tout aussi logiquement, la continuité de cette demande irrémédiablement frustrée. Celui qui ne cède pas à nos exigences devenues légitimes peut finalement être frappé ou tué.

 

Nous cherchons l’amour, c’est un élan premier, légitime, une nostalgie d'un état d'être. Nous reconnaissons cet instinct en nous. Nous ne saurions pas toujours dire instantanément si telle ou telle de nos actions, telle ou telle de nos paroles est une expression de cette quête d’amour (du sentiment de plénitude et d’ouverture que nous appelons amour) mais pour celui ou celle qui se penche avec attention sur la motivation de ses paroles et actions, cette quête se révèle omniprésente. Et il n’y a pas de problème à cela, car c’est un aspect que nous ne voulons justement plus nier, même si, en même temps, nous souhaitons naturellement le voir évoluer.

 

Cette quête est tellement inscrite en nous qu’elle s’anime et s’enfle d’elle-même, autonome, indépendante de la raison et parfois du regard conscient, quand celui-ci est encore fragile. Tous nos maux sont issus, non de cette quête en elle-même qui est l’expression d’un appel naturel, mais de la direction que nous lui avons donnée : une quête aveugle qui devient une négation de soi, une perte de son propre axe, une soumission, une trahison de l'âme. Mais nous pouvons heureusement grandir.

Thierry (novembre 2010)

 

Lire également l'acte d'amour fondamental 

 

© Thierry Vissac, Textes, photos et dessins sur toutes les pages du site .